Entrainements de Jamila Nadiya

-- - Jamila Nadiya - --

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Elle
Nom : Jamila Nadiya [prononcer Djamila et appuyer sur le "i" de Nadiya]
Âge : Inconnu, entre 5 et 8 ans
Sexe : Jument
Race : Pur sang égyptien*OI
Caractère : Comment savoir qui est vraiment cette jolie petite jument à la robe étonnante ? Actuellement, elle est dans un état de faiblesse la plus extrême, et c'est un cheval brisé, sans volonté, qui se laisse manoeuvrer avec résignation. Avec des soins attentifs, elle reprendra des forces et du poil de la bête, du moins je le souhaite, et j'aurais alors la possibilité d'éditer son caractère ^^

Origines
Parents : Le cocher prétend que Jamila Nadiya est la fille d'une jument pur sang égyptienne (race proche du PSA) de grande valeur, réputée pour sa vitesse et son endurance exceptionnelles, ainsi que pour son mauvais caractère... Impossible de savoir si c'est vrai mais toutes les recherches semblent corroborer cette hypothèse. Ce qui est sûr, c'est que Jamila Nadiya a beaucoup de sang arabe ou égyptien dans les veines.
Je ne sais rien de son père.
Histoire : Je passais mes vacances à Assouan, en Egypte, lorsque nos chemins se sont croisés. Attelée à une calèche, squelettique, tête basse, Jamila Nadiya boitait et peinait sous les coups de fouet à répétition de son cocher. Peut-être ai-je rêvé, mais nos regards se sont croisés, le sien était tellement désespéré, tellement implorant... Un coup de fouet lui a fait détourner la tête et elle a eu l'air tellement résignée dans sa souffrance... J'ai su que si je partais, si je la laissais s'éloigner, je me souviendrais toute ma vie de sa démarche éreintée, de ses grands yeux implorants... Sans réfléchir, j'ai appelé le cocher, lui ai demandé de me conduire au bout de la rue, un simple prétexte pour engager la discussion sur son cheval. Lorsque j'ai voulu racheter la jument, il a refusé, mais après d'interminables et âpres négociations, il me l'a cédée contre un tas de billets craquants. En Egypte, acheter une carne pareille à ce prix est une folie, tout, chevaux compris, étant moins cher qu'en France. Ici, j'aurais pu sauver un vieux cheval de l'abattoir pour le même coût. Après une visite vétérinaire me confirmant qu'elle pouvait voyager jusque chez moi, j'ai organisé le trajet en avion et en van, dans les meilleures conditions possibles.
Je ne sais pas grand-chose du passé de Jamila Nadiya, si ce n'est sa supposée mère et tout le temps qu'elle a passé attelée à souffrir sans manger...

Notes
Difficile de savoir ce que vaut cette petite jument actuellement en très mauvaise santé et incapable de travailler. Les notes seront donc éditées après sa remise en forme...
Saut : /20
Dressage : /20
Cross : /20
Balade : /20
Attelage : /20
Endurance : /20
Longe : /20
Vitesse : /20

Photos
[ Image 1 ] - [ Image 2 ]

Carnet de santé de Jamila Nadiya

. Soins .
-> Vermifugée => Oui
-> Vaccin contre la grippe => Oui
-> Vaccin contre le tétanos => Oui
-> Etat des fers => Très mauvais
-> Autre => Grave manque de poids. Tendinite à l'antérieur droit.
. Visites .
-> Dernière visite chez le véto => 23 fév 2008
-> Dernière visite chez le maréchal ferrant => //
-> Dernière visite chez le dentiste => //
-> Dernière visite chez l'osthéopathe => //

Points de Jamila Nadiya

Notes à l'achat :
Saut : ?/20
Dressage : ?/20
Cross : ?/20
Balade : ?/20
Attelage : ?/20
Endurance : ?/20
Longe : ?/20
Vitesse : ?/20

Points gagnés :
J1 +7
J2 +7
J3 +4
J7 +6
-------------
TOTAL : 24 pts

[ Jour 1 : Arrivée de Jamila Nadiya ]

Vrombissement d’un moteur. Enfin, le signal tant attendu de l’arrivée d’un véhicule.
Un van apparut dans l’allée, se gara dans la cour où je patientais depuis un petit moment. Je n’attendis pas que le moteur soit complètement coupé pour bondir à l’arrière du camion et commencer à déverrouiller les portes. Je me débattis un peu avec la fermeture en métal, puis la porte s’ouvrit et j’appuyai la passerelle au sol.
Je clignai un peu des yeux pour habituer mes pupilles à l’obscurité du van, et distinguai vite une forme sombre.
« Bonjour toi… Bonjour, Jamila Nadiya… »
Je fis sonner le nom chantant sur mes lèvres, appréciant sa consonance particulière.
Le cheval immobile dans le van ne me prêta aucune attention et resta figé. Tout en parlant d’une voix toujours aussi douce, je m’approchai lentement, jusqu’à être assez près pour le toucher, ce que je me gardai de faire pour l’instant.
Rapidement, mes yeux coururent sur le corps amaigri de la jument, navrée de son état comme chaque fois que je la voyais. Elle avait l’encolure basse, ne bougeait pas. Apparemment, le voyage l’avait carrément mise à plat.
D’une main hésitante, j’effleurai doucement son encolure et la caressai timidement. Elle ne tressaillit même pas.
Rapidement, je la détachai et tirai sur la longe.
« Allez, viens… »
Elle rechigna, non par mauvaise volonté mais parce qu’elle était manifestement à bout de forces. Patiemment, je la fis sortir du van en la laissant prendre tout son temps pour qu’elle ne s’épuise pas trop. Quelques mètres à parcourir, c’était déjà énorme pour ma pauvre jument. Enfin, elle descendit de la passerelle et toucha la terre battue de la cour de ses sabots, en pleine lumière. Je pus alors admirer la couleur unique de sa robe, tout en constatant, malheureusement, une fois de plus son état lamentable.
Je la laissai souffler un peu pour récupérer après cet effort, puis, lentement, la guidai jusqu’à l’écurie, la laissant aller à son rythme avec son antérieur blessé. Le box le plus grand de l’écurie avait été préparé par mes bons soins exprès pour elle, avait une bonne couche de litière, pas de paille mais de copeaux pour qu’elle ne la mange pas. Après X temps de diète, se manger la moitié de son box ne lui aurait pas vraiment fait du bien…
Avant de lui présenter son nouveau chez-elle, je l’attachai à un anneau et entreprit de lui enlever rapidement ses protections de transport. Puis, je lui passai un coup de bouchon rapide, elle resta sans réaction durant tout le temps que dura le brossage.
Enfin, je la détachai et Jamila Nadiya pénétra à ma suite dans le box, sans avoir l’air inquiétée par ce lieu clos et un peu plus sombre que l’extérieur. Trop abattue.
Je lui enlevai la longe, mais pas le licol, et refermai la porte en sortant. Je ne partis pas, mais restai appuyée à la porte pour la regarder en silence, sans oser la toucher, peut-être n’aurait-elle pas apprécié du tout.
Je regardai ma montre. Quatorze heures vingt-sept. J’avais pris rendez-vous chez le vétérinaire pour quinze heures, le van de Jamila étant censé arrivé plus tôt. Mais enfin, vous connaissez les avions… Toujours en retard… Heureusement, elle était arrivée à temps, finalement. Et avait tenu le coup durant les quatre heures de voyage…
Après avoir brièvement étudié les lieux, Jamila Nadiya s’immobilisa au milieu du box, les yeux mi-clos, dans la position du cheval qui somnole. Tout doucement, je m’éloignai malgré mon envie de rester pour la regarder, histoire de ne pas la déranger.
À quinze heures tapantes, la voiture du vétérinaire se gara dans la cour, à la place exacte qu’avait occupée le van de Jamila Nadiya. Je le saluai chaleureusement, puis le conduisis jusqu’au box de la jument. Cette dernière s’était couchée par-terre, et j’eus un bref instant de panique. Était-elle trop gravement malade ?!?
Heureusement, en nous entendant, elle redressa la tête et fit un mouvement pour se relever. Un peu trop brusque peut-être, car elle retomba dans sa position initiale. La jument recommença et réussit cette fois à se relever, plus doucement. La longe en main, je me glissai dans le box et attachai le mousqueton au licol, avant de faire sortir tout doucement la jument. Je l’attachai à l’anneau le plus proche, et me reculai un peu pour laisser le vétérinaire l’étudier de plus près. Il parut d’abord impressionné par la maigreur de Jamila Nadiya, puis avec professionnalisme, contrôla tout son corps son mon regard attentif. J’étais inquiète, j’avais peur que le voyage n’ait aggravé son état, ou qu’elle ait quelque chose d’encore plus grave que ce que je savais déjà. Après un temps qui me parut infini, le vétérinaire prit la parole :
« Ça ne va pas fort du tout… »
Ça, je m’en doutais, j’aurais préféré en savoir plus ! Les précisions ne tardèrent pas à venir.
« Elle est dans un grave état de sous-nutrition, elle doit être drôlement résistante, ou drôlement courageuse, pour marcher encore… Il va falloir la réhabituer à manger très progressivement, faire attention car le moindre excès de nourriture pourrait lui faire beaucoup plus de mal. Tu as bien fait de lui mettre cette litière ! Je te donnerai ce qu’il faut, la nourriture hyper vitaminée et avec tous les compléments nécessaires à ce qu’elle retrouve la forme… »
J’acquiesçai sans rien dire.
« Sinon, poursuivit le véto, il faudrait lui faire une échographie de l’antérieur droit, pour cette histoire de tendinite. C’est sûr qu’elle en a une, pas trop grave je crois, enfin le tendon n’est pas complètement coupé, ç’aurait pu être pire. Demain, je lui ferai l’examen, et puis des analyses plus approfondies pour être sûr qu’elle ne nous couve pas une saleté plus grave encore… En attendant, garde-la en quarantaine, aucun contact avec les autres chevaux. »
À nouveau, j’acquiesçai sans commentaire, les yeux rivés sur la petite jument qui gardait l’encolure basse. Devant le silence qui durait, je demandai dans un souffle :
« Rien d’autre ?
– Je ne crois pas, du moins pas pour l’instant. »
S’ensuivirent de longues explications sur ce que je devrais faire pour soigner Jamila Nadiya, les doses de compléments, et ainsi de suite. Le vétérinaire me montra comment bander son antérieur pour ménager le tendon en attendant un diagnostic plus détaillé. Il vermifugea également la jument, plusieurs produits pour les vers qu’elle aurait pu choper en Égypte, et ceux qui risquaient de l’attaquer en France.
Après de derniers conseils, nous rentrâmes la jument boitillante dans son box et il partit en me donnant l’heure du rendez-vous de demain. Huit heures, non, je n’oublierai pas, au revoir !
Maintenant seule dans l’écurie, je me consacrai à la préparation du repas de Jamila Nadiya, un mélange de luzerne, ce qu’elle avait toujours mangé, avec quelques compléments alimentaires, des vitamines et un tout petit peu de granulés pour qu’elle prenne l’habitude d’en manger. Le tout était en faible quantité, ce n’était que le premier jour.
J’entrai dans le box où la jument, toujours aussi abattue, semblait n’avoir pas bougé. Je la caressai, plaçai le saut dans un coin du box, coincé dans un pneu, et ressortis.
Hanlf Tänker, mon autre cheval, éclatait de forme dans l’allée voisine et demandait des soins immédiats. J’allai donc m’occuper de lui et laissai la jument seule, ce qu’elle apprécierait sûrement plus, dans la mesure où elle ne me connaissait pas.
Aux alentours de dix-huit heures, repassant devant son box, je vis qu’elle n’avait pas touché à son repas. Je m’inquiétai, et appelai le vétérinaire.
« Elle refuse de manger !!
– Elle doit être vraiment désespéré… Nourris-la au biberon, il faut absolument qu’elle recouvre des forces ! »
Après quelques instructions, je raccrochai et me lançai dans la fabrication d’une seconde mixture avec à peu près les mêmes ingrédients, compléments alimentaires, vitamines, médicaments...
« Jamila… » susurrai-je en entrant doucement dans le box, une grosse seringue pour les vermifuges dans une main et le seau de nourriture dans l’autre. Je remplis la seringue et me plaçai près de sa tête, que je maintins tout en lui glissant dans la bouche la seringue. J’appuyai doucement sur le piston, puis enlevai la seringue. Jamila Nadiya ne déglutit pas.
« Allez, un petit effort ! Je t’en prie ! »
Il le fallait, pour elle.
Je remplis à nouveau la seringue et procédai différement, plaçant le bout plus au fond de sa bouche pour qu’elle avale. Lentement, petit à petit, le contenu du seau descendit, tandis que patiemment je faisais manger la jument. Enfin, il ne resta plus rien dans le seau.
« Et ben voilà ! »
Je caressai son encolure décharnée avec affection, puis ressortis du box. Elle était toujours aussi amorphe. Le temps de ranger toute mes affaires et la sellerie et de nettoyer seau et seringue, et quand je repassais elle n’avait toujours pas bougé, si ce n’est les paupières qu’elle avait fermées.
Le vétérinaire m’avait dit de ne pas m’inquiéter… Alors, j’essayais de ne pas m’alarmer…
La nuit étant totalement tombée, je quittai Horse of Wreck, pas très rassurée pour l'état de ma jument.

7 points

[ Jour 2 : Visite du vétérinaire ]

Sept heures quinze, et déjà à l’écurie ! C’était le jour de l’échographie de Jamila Nadiya, c’est pourquoi j’avais abandonné toute idée de grasse matinée pour venir m’occuper d’elle avant l’arrivée du vétérinaire. Vu l’état de la jument, ce dernier avait exceptionnellement décidé de venir lui-même à l’écurie pour faire l’examen.
Je traversai d’un pas lent les allées de boxes, quelques chevaux ensommeillés sortaient la tête pour me regarder d’un œil curieux ou indifférent, c’était selon. Enfin, j’arrivai au niveau de celui de ma jument, et jetai un œil timide à l’intérieur.
Jamila Nadiya était debout, à peu près dans la position où je l’avais laissée hier, la tête au ras du sol. Ses flancs maigres se soulevaient et s’abaissaient au rythme de sa respiration, et elle me lança à peine un regard lorsque j’entrai dans le box avec la longe que j’avais laissée à la porte la veille. J’attachai la longe à son licol, ouvris grand la porte et doucement, fis sortir la jument de son box. Elle me suivit péniblement et je l’attachai à l’anneau.
Je me lançai alors dans un pansage complet de Jamila Nadiya, et elle se laissa faire sans broncher tandis que s’enchaînaient étrille, bouchon, brosse douce. Je démêlai soigneusement ses crins magnifiques bien que terriblement ternes et assez cassants. L’étape du cure-pieds fut plus délicate. Peut-être qu’on lui avait fait mal aux pieds anciennement, ou qu’elle n’avait jamais appris à donner son pied. En tout cas, ce n’est pas en disant « Donne », ni tous ses synonymes connus en français ou en arabe que je réussis à me faire obéir ! Toutefois, en lui tirant sur le pâturon avec une légère pression sur son épaule –et en disant « Donne », par principe–, je réussis à lui prendre le sabot et bien qu’elle se débatte un peu pendant le curage, je pus lui nettoyer les pieds.
Propre et le poil bien brossé, elle avait un peu plus d’allure déjà, mais sa robe terne et ses os saillants n’arrangeaient pas le tableau… Avec une caresse, je lui mis une couverture légère sur les reines, histoire qu’elle ne prenne pas froid, et me lançai dans la confection de son repas. Je préparai assez de mixture pour la journée –trois repas en petites doses¬–, et entrepris de la nourrir à la seringue, comme la veille. Au début, elle secoua un peu la tête, puis abandonna toute résistance et se laissa donner la becquée sans broncher.
« T’es vraiment inquiétante toi, parfois… »
À huit heures, je venais juste de finir de la nourrir quand le vétérinaire arriva avec tout son matériel. Il me fallut détacher Jamila Nadiya et l’emmener dans la cour, ce qui prit un peu de temps.
Après les examens du véto, il m’annonça :
« Bonne nouvelle, tendinite à 40% ! »
Tendinite à 40%, je ne voyais pas trop ce que ça voulait dire mais ça ne me paraissait pas franchement être une bonne nouvelle.
« Je pensais que c’était pire, s’expliqua le vétérinaire. Bon, 40%, ce n’est pas rien, c’est vrai, mais en deux mois, ça devrait aller beaucoup mieux, il devrait y avoir guérison complète même si sa jambe restera fragile ! Enfin, tant qu’il n’y a pas tendinite chronique, c’est parfait, tu ne crois pas ? »
Euh…
En fait, quand le cheval a une tendinite, le degré d’abimation [ça se dit pas et j’m’en fous Razz

] se signifie en %, enfin je simplifie les choses. Il arrive aussi que le tendon soit carrément coupé et là, c’est très grave, je crois que c’est incurable. Selon le niveau de gravité de la blessure, le cheval est soigné plus ou moins vite avec des techniques différentes et peut ensuite reprendre une vie plus ou moins normale, tout dépend de son travail. Certaines tendinites trop graves, mal soignées, ou ajoutées à une malformation génétique, ou d’autres encore, peuvent se transformer en tendinite chronique : le cheval chope des tendinites à répétition… Bien sûr, je simplifie les choses, j’suis pas véto mua ! ^^
Donc, une fois que j’eus compris un peu mieux le langage employé par le vétérinaire, ce dernier m’expliqua les soins. Tout d’abord, il fallait un bon mois et demi d’immobilisation totale dans le box. Et puis vu la forme générale de la jument, ça ne devrait pas trop lui poser de problème… Après ça, commencer à la faire remarcher : cinq minutes de pas le soir, puis dix, puis quinze… Après quoi elle pourrait être mise dans un petit paddock, dont la taille devrait être assez réduite pour l’empêcher de galoper, ce qui aggraverait considérablement les choses. Un sol boueux, paraît-il, serait un bon remède, du moins c’est un tuyau qui circule parmi les propriétaires de chevaux de courses blessés. Normalement, elle se mettrait à trotter toute seule, et ce serait alors la première victoire. Lorsqu’elle trotterait, je pourrais faire des balades en main plus longue avec un peu de trot, et la faire travailler un peu en longe. Une fois placée dans un pré plus grand, elle se mettrait un beau jour à galoper et ce serait un signe de guérison, je pourrais alors la faire travailler en main aux trois allures, toujours très doucement. Avant de commencer un vrai travail ou de la monter, il fallait que je consulte le véto, histoire qu’il vérifie que tout aille bien. Et, durant les deux ou trois mois de soins, une ou deux consultations ne feraient pas de mal non plus.
Le vétérinaire poursuivit en m’expliquant tout ce que je devrais faire durant ces semaines d’immobilisation.
« Ah, dernière chose ! Ne lui mets jamais de bandes à la jambe, ça empirerait les choses. »
Sur ce, il prit congé, déjà en retard pour ses consultations de la journée. J’allai retrouver Jamila Nadiya, la caressai avec tendresse.
« Ne t’inquiète pas, je vais bien m’occuper de toi… Ça ira beaucoup mieux après… »
Doucement pour ménager sa jambe, je la ramenai dans son box.
Je quittai presque aussitôt Horse of Wreck, pour aller acheter tout ce qu’il fallait pour ma jument : argile, anti-inflammatoire, anti-douleur pour qu’elle souffre moins, et d’autres médicaments et compléments alimentaires pour sa ration journalière.
Je fus de retour à l’écurie un peu après midi, à l’heure du second repas de la jument que je lui administrai, comme les fois précédentes, à la seringue. Je tombai en arrêt devant l’abreuvoir automatique, dans son box, et réalisai que si elle ne mangeait pas, il y avait des chances pour qu’elle ne boive pas non plus ! C’était impossible pour moi de le savoir avec cet abreuvoir…
La solution s’imposa d’elle-même. Je coupai l’arrivée d’eau de l’abreuvoir automatique et remplis un grand seau d’eau claire à la place. Je rentrai dans le box et le proposai à Jamila Nadiya, qui y trempa à peine les lèvres avant de se détourner. Sans insister, j’installai le seau dans un coin, coincé dans un vieux pneu pour qu’il ne se renverse pas.
Je passai l’après-midi à vaquer dans l’écurie, m’occupant d’Hanlf Tänker, nettoyant les allées de boxes, rangeant la sellerie… Il y a toujours de quoi faire ici. Régulièrement, je passais devant le box de ma jument pour vérifier qu’elle allait bien, et chaque fois elle était dans la même position. Ça devenait un poil inquiétant à force, une immobilité pareille.
Le soir venu, il était l’heure de la "becquée".
J’entrai dans le box, et constatai que le niveau de l’eau n’avait pas changé.
« Non mais tu te laisses mourir ou quoi ?! »
Était-ce le dépaysement, la faiblesse, la douleur, le désespoir ? Ou tout ça ensemble ?
« Écoute fifille… Tu me laisses pas le choix. »
Avec une seconde seringue, j’alternai durant le repas injection de nourriture et injection d’eau. Une fois qu’elle eut avalé bon gré mal gré toute sa part, assez réduite il faut bien l’avouer, je fixai sa longe au licol et la fis sortir avec précaution, et l’attachai devant son box.
Il n’y a pas des masses de produits réellements utiles contre les tendinites du genre de celle de Jamila Nadiya. Aussi, j’avais opté sur conseil du vétérinaire pour une application d’argile naturelle tous les soirs, en complément de l’anti-inflammatoire appliqué en journée. Donc, je me tartinai les mains d’argile et entrepris de répartir la terre sur la jambe du boulet au genou, en massant bien le tendon. Il me fallut un bout de temps pour faire le cataplasme, dans la mesure où ce n’était que la deuxième ou troisième fois que je le faisais, les autres fois c’était en apprentissage avec mon moniteur… Mais il était plutôt réussi au final !
Satisfaite, je recouvris la jambe d’un film plastique et fis rentrer la jument dans son box où je lui redonnai trois-quatres pipettes d’eau pour la nuit. Après quoi, je verrouillai la porte, vérifiai une derniere fois que tout allait bien et partis.

7 points

[ Jour 3 : Visite du maréchal-ferrand ]

Encore un réveil matinal pour moi ! Et pour cause, nous avions rendez-vous chez le marréchal-ferrand en début de matinée. De plus, il fallait que je fixe des horaires précis pour les repas de Jamila Nadiya. Sept heures, c’était une bonne heure pour la période scolaire, j’avais le temps de passer à l’écurie avant les cours. Et tant pis pour la grasse mat’ du week-end ou des vacances…
Donc, je me retrouvai à l’écurie en frissonnant un peu de bon matin, et allai directement retrouver ma jument dans son box. Je ne surprendrai personne en disant qu’elle n’avait toujours pas l’air d’avoir bougé… Je me glissai dans le box en lui parlant doucement, caressai son encolure d’une main apaisante. Elle se contenta de me jeter un bref regard indifférent. Je la fis boire à la pipette, puis ressortis du box pour aller lui préparer à manger. Comme la veille, je préparai une mixture avec des compléments alimentaires et des médicaments, que je partageai en trois doses pour la journée. Puis, je retournai voir Jamila Nadiya avec le seau de nourriture et la seringue, et entrepris de la nourrir, pipette par pipette, patiemment.
Quand enfin ce fut terminé, je nettoyai et rangeai le matériel, puis fis sortir la jument du box et l’emmenai à la douche. J’enlevai le film plastique qui entourait sa jambe, et fis partir l’argile sèche à la brosse puis au jet doux. Je séchai doucement l’antérieur. Après quoi, je la pansai en faisant attention de ne pas lui faire mal, surtout avec l’étrille : tous ces os saillants… Un coup de brosse dans les crins pour achever le tout, et c’était fini. Juste à l’heure pour aller chez le marréchal !
_________________

Après la visite, je rentrai Jamila Nadiya dans son box avec une couverture et la fis boire un peu, puis je la laissai tranquille.
Vers midi, je récupérai un seau de nourriture préparé le matin et nourris la jument en alternant avec quelques pipettes d’eau. Elle se laissait plutôt faire, bon gré mal gré.
En début d’après midi, j’appliquai un anti-inflammatoire sur son tendon blessé. Tête basse, la jument me laissa faire sans broncher.
Durant l’après-midi, je la refis boire un peu. Malgré tous mes efforts, on était loin de la quantité d’eau qu’elle devait absorber normalement…
Le soir venu, je la nourris avec la dernière dose de la journée, la fis boire, puis lui refis son cataplasme d’argile à l’identique de la veille.
Une fois sa jambe entourée de film plastique, je la remis dans son box pour la nuit, toujours inquiète à l’idée de la laisser seule tant de temps, et en espérant contre toute attente une amélioration pour demain…

4 points

[ Note de K-Waï ]

Les jours se suivent et se ressemblent tous, identiques en tout point : arrivée très matinale à l’écurie, pansage de Jamila Nadiya, rinçage de l’argile, faire manger la jument le matin, à midi et le soir, la faire boire régulièrement dans la journée, appliquer un anti-inflammatoire sur sa jambe le midi, remettre le cataplasme d’argile le soir. La jument est toujours aussi faible et amorphe, malgré les rations de nourriture hyper-énergétiques calculées au gramme près et dont la quantité augmente un tout petit peu chaque jour…
Raconter chaque jour le détail des événements serait laborieux, ennuyeux et un peu inutile dans ces circonstances. C’est pourquoi, en attendant un changement de son état, les résumés ne sont plus quotidiens mais hebdomadaires.

[ Semaine 1 : Jour 7 ]

RAS, dirais-je pour résumer. La journée d’aujourd’hui a été en substance semblable aux autres depuis l’arrivée de Jamila Nadiya lundi dernier.
Levée, ou tombée du lit si vous préférez, avant le lever du soleil, j’étais peu après sept heures à Horse of Wreck pour m’occuper de la jument.
Je me suis pointée devant son box avec les battements de cœur qui me sont devenus habituels chaque matin, lorsque je me demande fébrilement comment va Jamila Nadiya. Son état a-t-il empiré ? S’est-il amélioré ? Va-t-elle venir m’accueillir à la porte du box ? (non, ça, c’est trop utopique) A-t-elle bu un peu dans le seau d’eau ? A-t-elle simplement bougé ? Ou bien est-elle tombée malade ? Est-elle encore plus faible ? Ou même… est-elle morte dans la nuit ?!?!
Heureusement, la réponse à cette dernière question était négative. Comme à toutes les autres d’ailleurs : à la vérité, RIEN n’avait changé. Bon, d’un côté, c’était peut-être plutôt bon signe…
Rassurée sur l’état de la jument, je me suis dirigée vers la sellerie pour y concocter son menu du jour, guère différent de celui d’hier ou d’avant-hier si ce n’est qu’il y avait un poil plus à manger (quantité tellement petite que je me demande si elle s’en rendait compte). Mais pour réhabituer Jamila Nadiya à avoir l’estomac plein, il fallait commencer en douceur. Après avoir divisé la préparation en trois pour les trois repas de la journée, j’ai pris l’un des seaux avec deux seringues et suis retournée voir la jument. Je me suis glissée dans son box, l’ai apaisée de quelques caresses et, tout en la rassurant d’une voix douce, ai entrepris de la nourrir et de l’abreuver alternativement. Mine de rien, ça m’avait pris pas mal de temps ! Une fois que tout le contenu du seau a eu disparu dans l’estomac de ma protégée, je suis allée ranger et nettoyer tout le matos.
De retour dans son box, j’ai attaché une longe au licol que je ne lui enlève jamais, et l’ai fait sortir. Comme d’habitude, elle m’a suivie lentement, traînant misérablement la patte, comme un pantin sans volonté. Oui, voilà : Jamila Nadiya était un pantin sans la moindre volonté, qui se contentait de faire ce qu’on lui disait de faire sans plus réfléchir.
« Ma pauvre, qu’est-ce qu’ils ont bien pu te faire pour que tu deviennes comme ça… »
Une fois de plus, j’ai souhaité de toutes mes forces qu’elle s’en sorte et redevienne comme avant. Mais ça prendrait du temps…
Je l’ai conduite à la douche, et j’ai commencé par enlever l’argile de sa jambe. Il n’y avait pas l’air d’avoir beaucoup d’améliorations à son antérieur… C’était toujours aussi gonflé. Vu que personne, à cette heure matinale, n’aurait eu l’idée saugrenue de doucher son cheval, j’ai pansé Jamila Nadiya sur place pour éviter de lui faire faire trop de déplacements. Après quoi, je lui ai remis sa couverture et je l’ai ramenée tout doucement dans son box.
Dans la matinée, j’ai eu l’occasion de repasser la voir plusieurs fois pour lui faire boire quelques pipettes d’eau. À midi, j’ai recommencé l’opération "nourrissage" du matin, en alternant pipettes d’eau et pipettes de nourriture.
Je ne sais pas si vous avez déjà nourri un animal à la pipette. Un chiot ou un chaton peut être, c’est courant quand ils sont orphelins. Vous êtes d’accord avec moi qu’une pipette, c’est tout petit et que pour leur faire absorber le contenu d’un petit pot de lait –par exemple-, il faut un bout de temps en admettant que la petite bête ne se débatte pas. Bon. Alors imaginez donner la becquée de la même façon à un animal plusieurs centaines de fois plus gros, qui mange non pas un demi-bol de lait mais un seau de nourriture, et ce avec une pipette pas énormément plus grosse… Hum, vous avez maintenant une petite idée du temps et de la patience qu’il me faut tous les jours, pour nourrir Jamila Nadiya trois fois dans la journée. Et encore, heureusement qu’elle n’est pas trop enquiquinante. Elle n’aime pas ça et elle le montre, elle rechigne et secoue un peu la tête, mais heureusement elle n’a pas assez de force ou d’agacement pour être vraiment insupportable et elle se calme, à force.
Une fois que j’ai eu fini de lui donner à manger, je suis allée manger à mon tour, et récupérer un peu parce que mine de rien, c’est assez fatiguant, à la longue. ^^
En début d’après-midi, je suis quand même retournée dans le box de la juju, pour appliquer un anti-inflammatoire sur sa jambe blessée et lui donner, une fois de plus, à boire.
Durant les heures qui ont suivi, je suis bien sûr restée à l’écurie, en m’arrangeant pour passer fréquemment voir comment se portait la jument et la faire boire.
Le soir venu, c’était l’heure de la becquée… Et re-belote : Une pipette de nourriture, on attend qu’elle avale, une pipette d’eau pour faire passer, une pipette de nourriture…
Une fois l’épreuve du repas terminée, j’ai pris le pot d’argile et ai consciencieusement appliqué la terre sur le canon droit de Jamila Nadiya, à rebrousse-poils d’abord, puis dans le sens du poil. Pour finir, j’ai enroulé du film plastique autour.
Et après une dernière caresse, j’ai laissé la petite jument dans son box pour la nuit…

6 points

[ Semaine 2 : Jour 8 ]

Belle peur, aujourd’hui !
Comme d’habitude, je suis arrivée aux alentours de sept heures à l’écurie. Le trajet du portail d’Horse of Wreck jusqu’au box de Jamila Nadiya m’a paru aussi long que d’habitude. C’est peut-être moins de deux cents mètres à pied, mais avec toutes les questions que je ne peux pas m’empêcher de me poser chaque matin, ça paraît beaucoup plus ! Je m’inquiétais de savoir si elle allait mieux ou pire, ce qu’elle avait fait… Et en arrivant devant son box, j’ai cru que mon cœur allait s’arrêter. Personne.
Un regard à l’intérieur a encore augmenté mon inquiétude. En fait, si, la jument était là, mais couchée sur la litière, immobile.
Vivement, je me suis glissée à l’intérieur et me suis approchée d’elle, très inquiète. Elle n’a pas fait un mouvement, ses paupières entrouvertes n’ont même pas cligné. D’une main hésitante, j’ai effleuré son encolure. Pas de réaction. Je suis allée chercher son pouls sous sa gorge, qui m’a confirmé que non, elle n’était pas morte –ouf !!
Je ne savais plus quoi faire. Lorsque je me suis relevée, Jamila Nadiya a levé la tête pour me jeter un bref regard, avant de la laisser lourdement retomber.
« Oulalalalà… Ça n’a pas l’air d’aller très fort aujourd’hui… »
Replaçant ma main sous sa gorge, j’ai compté les pulsations de son cœur par minute, qui m’ont paru à peu près normales.
Bon, elle n’avait pas l’air d’aller trop mal dans cette position, j’allais attendre sept heures trente, que le cabinet du véto ouvre, pour l’appeler. Bah quoi, il me l’a bien dit en plus, de le prévenir au premier souci venu…
Donc, pour éviter de tourner en rond et de trop me ronger les sangs pendant la vingtaine de minutes à venir, je me suis lancée dans la préparation du repas du jour de la jument. Comme d’hab’, aliments hyperénergétiques et hypervitaminés, associés aux compléments alimentaires et aux médicaments pour la remettre d’aplomb, le tout calculé au gramme près.
Ayant prévu les trois rations du jour, je suis retournée voir comment allait Jamila Nadiya. Et à ma grande surprise, elle était debout !!
Impressionnant. Elle avait réuni assez d’énergie pour se coucher et se relever… Elle qui était restée amorphe pendant dix jours, au point de ne pas même boire une goutte d’eau…
J’ai contrôlé son état, tout semblait correct. Elle n’allait ni mieux ni plus mal que les jours précédents… Je l’ai donc nourrie et abreuvée avec patience, puis l’ai fait sortir du box et l’ai conduite à la douche.
Précautionneusement, j’ai déroulé le film plastique appliqué sur sa jambe, puis à l’aide d’une brosse dure, ai enlevé une partie de l’argile, en tâchant de ne pas frotter trop fort pour ne pas lui faire mal. Après quoi, j’ai achevé le nettoyage par un jet doux.
Il me restait à panser la jument. S’étant couchée dans la sciure, elle était nettement plus sale que d’habitude, le brossage a donc duré un peu plus longtemps que d’ordinaire. Bien que réticente, elle s’est laissé curer les pieds, je crois qu’elle n’a de toute façon pas vraiment assez de force et d’énergie pour se battre contre moi sur ce point-là –ni sur aucun autre, d’ailleurs.
J’ai également pris l’initiative de démêler avec soin sa queue et sa crinière. L’état des crins était désolant : secs, cassants, ternes, … L’huile de foie de morue et un autre de ses compléments alimentaires tâchaient d’ailleurs de remédier au désastreux état du poil de Jamila Nadiya, mais l’effet risquait de ne pas se voir avant un petit moment. En plus, la jument avait dû avoir des vers, ou en avait encore (quoi que, le vétérinaire lui avait administré un paquet de vermifuges…), résultat la base de sa queue était tout abimée parce que la jument s’était trop frottée contre je ne sais quoi –un classique.
« Raaah… Tu sais quoi ? Tu es un vrai trésor pour les étudiants vétérinaires. À toi toute seule, tu réunis 90% des maladies courantes et plus rares qui touchent les chevaux… »
Une fois les crins impeccablement démêlés, j’ai raccompagné Jamila Nadiya dans son box, tout doucement bien sûr, pour ménager au maximum l’antérieur blessé.
La matinée s’est déroulée normalement, j’ai passé mon temps à l’écurie, surveillant régulièrement l’état de santé de l’égyptienne et lui donnant à boire souvent. J’ai aussi téléphoné au vétérinaire un peu après huit heures, et ai eu la chance de tomber sur lui entre deux consultations. Il a eu tôt fait de me rassurer :
« Couchée, dis-tu ? En effet ça aurait pu être un symptôme inquiétant, mais elle s’est relevée toute seule, tout va bien. C’est même bon signe qu’elle ait pris l’initiative de faire un mouvement… ! Elle cherchait à s’économiser, elle a eu assez de force pour se remettre debout, c’est bon. Je pense qu’elle va bien mieux… »
Ah bon ? Moi je ne voyais pas de différence !
« Et sa jambe ? » a questionné le véto.
« Ça a un peu désenflé ce matin, mais c’est encore gonflé… »
« C’est sur la bonne voie, on tient le bon bout ! » a-t-il confirmé, content de la bonne nouvelle.
À midi, a eu lieu le second repas de la petite jument, accompagné d’une bonne dose d’eau administrée à la pipette. Après quoi, j’ai appliqué avec douceur un anti-inflammatoire sur la jambe de la jument, que je savais douloureuse malgré les médicaments pour calmer la douleur que je lui donnais pas le biais de la nourriture.
L’après-midi s’est passé rien de notable. J’ai continué à faire boire régulièrement la jument. Puis le soir venu, je l’ai nourrie, et ai appliqué sur son tendon blessé un cataplasme d’argile. À ce rythme, je devrais racheter une nouvelle boîte dès demain pour ne pas risquer de tomber en rupture de stock ! Après avoir enveloppé le tout d’un film plastique, j’ai remis Jamila Nadiya dans son box pour la nuit.
« Bon dodo misstinguette… Et évite de me refaire des frayeurs pareilles à l’avenir !! »

5 points

[ Semaine 2 : Jour 14 ]

C’est confirmé, nous sommes sur la bonne voie !
Cette journée a commencé comme toutes les autres. Je suis allée voir la jument de bon matin pour lui donner à boire et à manger, toujours aussi laborieusement. Puis, je l’ai conduite sur ses trois jambes valides jusqu’à l’emplacement habituel à la douche pour enlever tout l’argile de sa jambe. Une fois l’antérieur bien propre, j’ai étendu les soins au corps entier de Jamila Nadiya, brossant avec soin sa robe toujours aussi terne et rêche malgré mes soins. En deux semaines, la petite égyptienne ne semble pas avoir pris un gramme : on peut toujours compter ses côtes, et l’on voit saillir tous ses os à travers la peau, c’en est effrayant.
Quoi qu’il en soit, je ne perds pas patience et c’est toujours avec la même douceur que je m’occupe d’elle. Peut-être que c’est la première fois qu’elle reçoit des preuves d’amour de la part d’un humain…
Une fois tous les soins terminés, je l’ai remise au box en me disant qu’elle devait tout de même en avoir marre, de rester cloîtrée là-dedans. Cependant le véto avait été formel : un mois et demi immobilisée au box. Le trajet quotidien jusqu’à la douche était déjà beaucoup trop…
« Courage, ma puce. Bientôt, ce sera fini. Tu pourras à nouveau trotter et galoper… »
Enfin, j’étais optimiste. Parce que la jument avait juste l’air de vouloir se laisser mourir sans bouger.
Quoi que, certains indices montraient tout de même que, parfois, la nuit, elle se couchait dans son box ou faisait un ou deux pas. Dit comme ça, ce n’est rien… Mais trouver, un matin, un peu de litière sur son dos ou sa crinière, ou voir que les copeaux ont été légèrement remués, c’est toujours un signe extraordinairement agréable qui me confirme qu’au moins, il arrive à Jamila Nadiya d’esquisser un mouvement. Et me confirme que, contrairement à ce que tout le monde se plaît à me répéter, je ne suis pas complètement folle d’espérer guérir un jour la petite jument.
Comme d’habitude, je me suis occupée à l’écurie la matinée durant, passant régulièrement dans le box de Jamila Nadiya pour la faire boire. Avec cette chaleur et même si en Égypte, elle a connu bien pire, il ne faut surtout pas oublier de bien l’hydrater ! Déjà que sa santé est pour le moins fragile…
Et à midi, rebelote : il m’a fallu la nourrir pipette par pipette. À force, je prends le coup de main, mais la jument qui a pris quelques forces ces derniers jours rechigne de plus en plus à avaler et ne se laisse plus faire comme un mollusque. C’est plutôt bon signe, mais ça ne me facilite pas la tâche…
Après avoir soigneusement appliqué un anti inflammatoire sur sa jambe pour calmer la douleur, je me suis mise à lui parler :
« Tu vas être sage, cet après-midi, hein ? J’ai du boulot, il va falloir que je m’absente… »
Hanlf Tänker, mon autre cheval, avait besoin de beaucoup d’attention et je l’avais suffisamment laissé à l’écart ces derniers temps en passant des heures avec Jamila Nadiya. Il fallait que je le monte un peu plus longtemps aujourd’hui, et surtout que je réussisse à le faire monter dans ce fichu van pour l’emmener chez le dentiste…
Après une après-midi mouvementée, je suis retournée voir la jument dès que possible, après quasiment quatre heures d’absence. Et en entrant dans son box, j’ai tout de suite remarquer les petits points brillants sur son nez. En m’approchant, j’ai vu des goutelettes au bout de ses longues vibrisses, sur ses naseaux qui achevaient de sécher.
Aussi stupéfaite que ravie, je suis allée jeter un coup d’œil au seau que je laisse toujours à la disposition de la jument, quasiment sous son nez. Oui, ça se voyait, le niveau d’eau avait baissé ! Bon, pas beaucoup, c’est vrai, mais assez pour qu’il n’y ait pas de doute.
Elle a bu ! Jamila Nadiya a bu !
Depuis son arrivée, je ne crois pas avoir autant exulté. Certains trouveront ma joie ridicule, mais c’est tout de même une vraie victoire. On dirait qu’elle ne tient plus tellement à se laisser mourir… En tout cas, elle a réussi à faire l’effort d’avaler quelques gorgées !
J’ai donc décidé de la laisser tranquille avec mes pipettes, du moins, jusqu’au repas du soir que je lui ai administré de la même façon que d’habitude, en alternant avec des pipettes d’eau.
Pour finir, je lui ai mis son habituel cataplasme d’argile. Là aussi, j’ai fait de gros progrès ! Je suis sûre que je réussis les cataplasmes mieux que mon moniteur maintenant… Enfin, du moment que la tendinite va mieux, c’est tout ce que je demande.
J’ai laissé Jamila Nadiya pour la nuit, après avoir vérifié une nouvelle fois que tout allait bien –et rempli soigneusement le seau d’eau en espérant qu’elle s’abreuverait à nouveau…

5.5 points

[ Semaine 3 : Jour 15 ]

Je me suis pointée à la même heure que d’habitude à Horse of Wreck et comme toujours, avant toute chose, je suis allée vérifier que tout allait bien pour ma protégée. J’ai vu qu’il y avait moitié moins d’eau dans le seau. Ainsi, même si elle avait toujours l’air aussi amorphe, Jamila Nadiya avait tout de même bu pendant la nuit, preuve qu’elle reprenait assez de force (et d’envie de vivre…) pour cela !
Après m’être également assurée qu’Hanlf Tänker allait bien, je me suis attelée à la préparation des repas du jour de ma jument. Et c’est une fois de plus à la pipette que je lui ai fait ingurgiter sa mixture supervitaminée et énergisante…
Nous avons suivi notre routine habituelle : aller à la douche, brosser puis rincer l’argile, panser la robe et curer les sabots, avant de revenir clopin-clopant au box.
Sauf que cette fois, après avoir rentré Jamila Nadiya, je suis allée chercher une brassée de foin et ai rempli le filet avant de l’accrocher au mur, pas très loin de l’abreuvoir.
Si l’égyptienne prend maintenant l’initiative de boire toute seule, elle va bien se décider à manger un peu de foin… Après tout, les chevaux sont conçus pour passer leur journée à manger. Et puis, elle doit s’ennuyer, à être constamment au box… Car mine de rien en Égypte, je ne crois pas qu’on l’ait jamais condamnée à l’immobilité ni qu’elle soit demeurée (ou même juste entrée) dans une "boîte" de ce genre. Elle était toujours dehors… mais elle travaillait très dur. À chaque situation ses inconvénients, on va dire…
« Au moins ici, tu ne crèveras pas de faim ! » lui ai-je fait remarquer tout en quittant le box.
J’ai décidé de la laisser tranquille toute la matinée, histoire de voir comment elle allait réagir face au foin et à l’eau qui lui tendaient les bras. Aux alentours de midi, à l’heure habituelle, je suis retournée la voir avec sa ration de nourriture. Mon premier soin a été de jeter un œil à l’abreuvoir et au filet à foin. Le niveau d’eau avait un peu baissé, mais Jamila Nadiya n’avait pas touché au foin. Tant pis, c’était déjà ça. S’il y avait bien une chose que m’apprend cette jument, c’est la patience.
Je l’ai donc nourrie malgré ses renâclements, puis lui ai appliqué son anti inflammatoire sur la jambe. La pauvre, elle doit avoir mal constamment, alors autant faire tout mon possible pour l’apaiser un peu…
L’après-midi aussi, je l’ai laissée tranquille. Je suis restée à Horse of Wreck, jamais loin de son box, mais malgré ma curiosité et mon envie de m’assurer qu’elle se portait bien, je ne suis pas allée la voir. Si je la dérangeais, elle serait encore moins décidée à boire ou manger. J’ai donc rongé mon frein, malgré une certaine inquiétude. Et oui ! Je ne peux pas m’empêcher d’être constamment tendue. Je crains qu’il ne lui arrive quelque chose, ou qu’elle se fasse du mal, ou même de la trouver morte en arrivant devant la porte de son box. Même sans avoir tellement de raisons de craindre sa mort immédiate et prochaine, je me fais un sang d’encre. Ma mère dit qu’elle a ressenti la même chose, au début, quand elle m’a eue. Jamila Nadiya n’est pas mon bébé, mais dans un sens, elle est aussi fragile qu’un nourrisson et je crois que je l’aime tout autant…
En fin d’après-midi, à l’heure habituelle du repas du soir, je me suis enfin autorisée à aller la voir. La jument se portait exactement comme d’habitude, c’est à dire qu’elle restait immobile dans son coin, abattue. On ne peut même pas dire qu’elle somnolait, parce que les chevaux somnolents ont l’air paisibles, et ils font quelque chose, d’une certaine manière. Ils vivent et cela se voit, d’une manière que je peux difficilement expliquer mais ça se sent. Tandis qu’elle, elle ne faisait rien. Elle survivait, simplement, et c’était assez démoralisant de la voir dans cet état. Heureusement, j’ai pu constater qu’elle avait raisonnablement bu et j’ai rempli son seau d’eau fraîche. Quant au foin, même pas elle n’y avait touché. Je me demande si elle l’a seulement reniflé.
Enfin bon, je lui ai administré sa ration, et pour finir la journée, lui ai refait une fois de plus son cataplasme d’argile recouvert de film plastifié.
Un gros câlin, quelques mots doux, et je la laisse pour la nuit…
Que nous réserve demain ?

5 points

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